J’entends d’ici les gens dire « quand même c’est ton père », « c’est important de lui dire », « si tu veux pas lui dire c’est que t’assumes pas vraiment »… Bah en fait, ça n’a rien à voir avec le fait d’assumer. C’est juste que pour moi la relation avec mon père n’existe plus. C’était toxique pour moi. Comme le tabac : hors de question de reprendre 😉
A la fin de cet article sur comment s’est passée l’annonce à mes proches, j’explique que j’en suis arrivé à 36 ans à ne m’entourer que de personnes avec qui je me sens bien. Que c’est aussi ce qui a fait que mon coming-out s’est aussi bien passé. Hé bien, clairement, j’ai coupé les ponts avec mon père car je ne me sentais pas bien du tout dans ma relation avec lui. Son attitude, ses reproches, ses attentes, c’était maltraitant pour moi. Et réciproquement, je pense que ce que je lui renvoyais était maltraitant pour lui. Ça finissait toujours en reproches mutuels, en insatisfactions et incompréhensions de chaque côté.
Il y a eu de nombreux « épisodes » dans la relation avec mon père… Des interruptions, des reprises, des coups de gueule, des réconciliations, des mises au point, etc. Mais au final, ça n’allait jamais. Et puis on ne vit vraiment pas dans le même monde, on n’a pas du tout les mêmes valeurs. Donc en décembre 2017, après une bonne engueulade au sujet la manière d’organiser Noël (lol), on a décidé de cesser toute relation.
Je pense que le fait de bosser sur soi ne va pas nous rendre capable d’être en relation avec n’importe qui. Je crois même que c’est le contraire. A mesure qu’on travaille sur soi, on s’aime et on se respecte de plus en plus. Donc on accepte de moins en moins de maltraitance. Je suis ainsi devenu de plus en plus exigeant sur la qualité de mes relations amicales. Respect, confiance, ouverture, solidarité… Et les relations familiales doivent à mon sens répondre aux mêmes critères que l’amitié. Sinon ça ne vaut pas le coup. Et c’est pas parce qu’on a un lien de sang que ça nous oblige à nous apprécier ou à nous fréquenter.
J’ai pas mal bossé sur moi pour accepter vraiment cet état de fait (merci à la méthode AGI !). Accepter que la relation est ainsi, que mon père est comme il est et qu’il ne changera sans doute pas. Et il m’a fallu renoncer à ce qu’il m’aime et m’accepte comme je suis. Aujourd’hui, je n’éprouve plus aucun besoin de le contacter pour lui annoncer que je suis gay. Je me fiche donc totalement de ce qu’il pense, je n’attends plus rien de lui. Je suppose qu’il me jugerait s’il apprenait que je suis homo (peut-être via d’autres membres de la famille ?). Mais je suis en paix avec ce qu’il pourrait en penser. D’ailleurs, je ne pense plus à lui, à part quand j’écris ce genre d’articles.