Prendre conscience de mon homosexualité était une chose, accepter toutes ses conséquences en était une autre… Dans cet article, je vais vous expliquer ce qui a été le plus difficile pour moi à accepter dans le fait d’être gay. Ça a été l’affaire de quelques mois, mais ça n’a pas forcément été simple. A plusieurs moments, si j’avais eu le choix, j’aurais préféré « redevenir hétéro » 😅 Aujourd’hui, ce n’est heureusement plus le cas !
1. Dire adieu à l’idéal de la famille parfaite
Bah ouais, c’est con à dire mais pour moi, la famille « parfaite » c’était ça : 2 parents hétéros et 2 enfants. Hihi, j’ai presque envie de rajouter : la maison achetée, la grosse voiture et le chien ^^ Le copié-collé de la famille dans laquelle j’ai grandi ! Avec le sentiment sincère que ce n’était qu’à ce compte-là que je pouvais être heureux. Alors sans ça, comment faire ? La famille homoparentale n’était pas compatible avec mes critères de bonheur.
Il m’a donc fallu faire le deuil de cette vie-là. Cette vie rêvée véhiculée par la pub, les films, les discussions avec les gens, etc. Dans ce genre de cas, les mots, les idées ne valent pas grand-chose. On peut savoir avec sa tête que c’est des conneries, mais notre ressenti ne suit pas. Et franchement, cet idéal peut vite devenir une prison de souffrance si on n’arrive pas à s’en détacher, à y renoncer vraiment. J’ai donc dû reconnaître vraiment que ce ne sont pas les circonstances extérieures qui déterminent mon état intérieur.
2. Finie la vie « normale »
Me découvrir gay, ça voulait dire la fin d’une vie « normale », « invisible », « passe-partout »… (je prends soin de mettre des guillemets 😉 ) Tenir la main ou embrasser l’autre dans la rue, ce n’était soudain plus si anodin. Sortir faire des courses, rechercher un logement, aller à la mairie pour des démarches, etc. Toutes ces choses ordinaires prenaient une autre tournure. Je basculais donc dans une minorité. Moi qui m’étais cru pendant des années faire partie d’une majorité « sécurisante », ce n’était plus le cas.
Dans mon esprit, le regard des autres, leurs réactions, voire leur hostilité, c’était un peu inquiétant les premiers mois. Voire ça pouvait être dangereux. Le déclic pour moi, ça a été de réaliser que cette nouvelle vie signifiait surtout une vie épanouie 🙂
3. Le poids des statistiques
J’ai réalisé que, mathématiquement, j’avais moins de chances de rencontrer quelqu’un qui me convient… Avec les femmes, c’était un petit échantillon parmi 50% de la population. Avec les gays, c’est un petit échantillon parmi quelques pourcents de la population seulement.
Donc bon, rencontrer la bonne personne, c’était déjà pas évident avant, mais là ! J’ai donc progressivement accepté que ça prendrait du temps de rencontrer à nouveau quelqu’un. Qu’il ne me fallait pas chercher partout LE mec (lol). Et que peut-être ça n’arriverait pas avant plusieurs années, de longues années, voire jamais.
Hihi bref, ça fait très « comptable » ou « machine » ce type de réflexions en pourcentages, c’est pas du tout ça la vraie vie 😉
4. Quid des femmes ?
Bah ouais, ça peut paraître bizarre, mais j’ai dû faire le deuil des femmes. Finis notamment les rapports sexuels avec les femmes. En fait, ça se passait bien. C’est pas à cause des rapports sexuels que j’aurais pu me douter que j’étais gay… Fini l’image valorisante de moi comme étant le mâle, l’étalon, hihi ! Là, je me retrouvais au lit avec quelqu’un semblable à moi ^^
Ça peut paraître contre-intuitif de renoncer à quelque chose qui me plaisait. Sauf que ça tournait en boucle dans ma tête et ça m’empêchait d’accepter pleinement mon homosexualité. Comme si ça entretenait mon attachement à mon ancienne vie.
Et je vois d’ici venir ceux qui vont me dire « bah tu es peut-être bi ? » Bah non, c’est pas ce que je sens… 🤷♂️ D’où l’importance de distinguer orientation sexuelle et comportement sexuel.
5. Et mon ex dans tout ça ?
Ça ne m’a pas travaillé longtemps de savoir comment mon ex allait prendre mon homosexualité. Comme je l’ai expliqué dans un autre article, c’est la première personne auprès de qui j’ai fait mon coming-out. Et elle l’a très bien pris, elle était contente pour moi en fait.
Par contre, ce qui m’a tracassé un peu plus longtemps, c’est de quel œil elle regarderait mon éventuel nouveau mec. Je me mettais un peu la pression : fallait qu’il soit à la hauteur ! Au moins aussi futé, sincère et intègre qu’elle… 🥵 Bon et puis c’est passé. J’ai eu une courte histoire avec un mec cet été, je le lui ai présenté, et j’ai pu travailler sur les choses que ça m’a fait ressentir. Il fallait peut-être en passer par là ^^
6. Et mon fils ?
Autre difficulté pour moi : est-ce que mon homosexualité va poser des problèmes à mon fils ? Par exemple, à l’école ? Genre, est-ce qu’on va se moquer de lui comme étant « le fils du pédé » ?
Est-ce qu’il subira de la discrimination de la part des profs ou des autres parents d’élèves ? Genre, est-ce que des parents refuseront que je l’amène au goûter d’anniversaire d’un de ses copains ?
La réponse est « oui, certainement ». Ce sera sans doute inévitable qu’il soit « éclaboussé » par de l’homophobie dirigée contre moi. Après, il y a deux choses :
- même si je ne vais pas me cacher, je ne suis pas obligé de m’afficher délibérément devant son école ou les parents de ses copains… 😅
- il sera responsable des émotions qu’il ressentira face à ça. Je ne pourrai pas le protéger de la souffrance. Et ce ne serait de toute façon pas souhaitable de chercher à le faire vivre dans une bulle protectrice.
Autre question : et avec mon nouveau mec / mes futurs mecs, comme ça se passera ? Est-ce que le courant passera bien ? Est-ce que je vais trouver un mec capable d’avoir une attitude correcte avec lui, un minimum capable de s’en occuper et de l’éduquer ?
La réponse est que si ça ne le fait pas avec mon fils, ya quand même des chances que ça ne le fasse pas tout court avec le gars… Bon au final, cette question se pose pour toutes les familles recomposées, qu’on soit homo ou hétéro.
7. Et au boulot ?
Est-ce que ça va me poser des problèmes au travail ? C’était une grosse question au début. Autant avec les collègues qu’avec les élèves ou les parents d’élèves, voire avec les élèves. Je craignais à la fois l’homophobie crasse potentielle chez certains collègues, à la fois que ça puisse abîmer la relation pédagogique que j’ai avec mes élèves (je sais que certains sont homophobes parmi les ados que j’ai) et à la fois que des parents craignent pour leur enfant que je sois pédophile (j’ai vu sur Internet des gens faire des amalgames de ouf… 🙄).
J’ai pris le parti de n’en parler qu’aux deux ou trois collègues avec qui j’ai une relation amicale. Et aux autres, je n’ai rien dit, ce ne sont pas mes amis, je n’ai avec eux qu’une relation strictement professionnelle et cette info n’a aucun intérêt professionnel. Il ne s’agit pas pour moi de brandir coûte que coûte mon orientation sexuelle. Et comme je ne suis pas maniéré, ça m’étonnerait qu’ils se doutent de quelque chose. D’autant que j’ai un « alibi hétéro » qui doit traîner dans leur inconscient : tout le monde sait que j’ai un fils 😂
Après, ça arrivera peut-être un jour que je croise un collègue ou un élève pendant que je me balade avec mon futur mec. Ça m’est déjà arrivé avec les femmes avec qui j’ai été. Ce jour-là, je pourrai voir à ma réaction émotionnelle (ou à mon absence de réaction) dans quelle mesure j’assume vraiment ^^
Salut
Par moment je sens que c’est insurmontable d’accepter mon homosexualité.
Je n’arrive toujours pas à totalement l’accepter.
Je ne sais pas si un jour je m’accepterais entierement comme je suis.
J’ai l’impression encore et encore d’être cet adolescent de 12 ans en construction qui se découvrait alors homosexuel mais qui ne l’acceptait pas alors.
Après le contexte familial ne pouvait pas m’aider et me créait d’autres problèmes à essayer de gérer en devenant adulte avant l’heure avant de pouvoir gérer cette orientation sexuelle qui m’est tombé dessus.
Comment dire ça me fait encore très mal au fond de moi d’être gay. Je voudrais tellement être hétéro.
J’avais ce besoin de l’écrire quelque part.
Bah ouais, je comprends que ça soit difficile à accepter, tout comme le besoin de l’écrire, de le dire, d’exprimer ce que tu ressens. Franchement ya pas encore très longtemps, j’avais aussi ce ressenti, que ça m’aurait bien arrangé d’être hétéro, que ça aurait été plus facile à tous les niveaux. Mais non. Toute façon, plus on lutte contre et plus c’est douloureux, et plus on va dans le sens de ce qu’on est (même si c’est dur) et plus on s’épanouit. En fait, on n’a pas d’autre choix que d’accepter, d’autant que l’orientation sexuelle, ce n’est pas quelque chose qui peut se changer.
Bisous
Jérém’